Cela fait maintenant quelques années que l’on entend parler de la facture électronique, cette révolution numérique est synonyme de grands bouleversements aussi bien pour les entreprises et les cabinets comptables que l’administration fiscale. Mais de quoi s’agit-il ?
Cette appellation pourrait faire penser à votre facture d’internet ou d’électricité que vous recevez sur votre application ou par mail au format PDF, mais la facture électronique va bien au-delà de ça : à travers des logiciels privés (Opérateur de dématérialisation, Plateforme de Dématérialisation Partenaire) ou du portail public de facturation, l’administration fiscale pourra collecter toutes les informations relatives à une facture émise à un format de facturation électronique par ce biais : numéros SIRET des parties, date, adresse et le plus important : montant de la TVA. Se conformer à la facture électronique sera obligatoire d’ici 2027 pour tous les assujettis à la TVA. Un horizon qui semble lointain, mais certains ont déjà pris de l’avance.
La promesse d’une meilleure gestion de trésorerie.
Depuis quelques années, la facture électronique a gagné du terrain dans le monde des affaires, promettant des avantages tant du point de vue écologique que de l’efficacité opérationnelle. Certaines entreprises ne voient en effet pas cette réforme comme une lourdeur administrative de plus, mais bien comme un outil de gestion interne. Les informations concernant les factures ne sont pas que transmises à l’administration fiscale, elles sont conservées dans les logiciels, et pour les plus avancés d’entre eux, cela aboutit à une gestion des factures idéale. Fini les factures manquantes : elles passeront obligatoirement à la machine, et les paiements à échéance seront automatisés, optimisant de ce fait la trésorerie. Un point non négligeable quand on sait que près de la moitié des faillites des entreprises sont causées par une mauvaise gestion des liquidités.
Des réticences
Plusieurs entreprises ne voient cependant pas cette réforme d’un bon œil, en particulier les plus petites. Que ce soit dû à une réticence au changement, ou à un effort supplémentaire que les dirigeants ne sont pas prêts à fournir au vu de la conjoncture ; nombreuses sont les entreprises qui vont subir cette réforme plutôt que d’en profiter. Les cabinets comptables ne sont pas en reste non plus : une des autres promesses de la facture électronique est la fin de la saisie comptable. Comment justifier un maintien des honoraires si cette mission est vouée à disparaitre ?
Vers une évolution des métiers en cabinet comptable
Pas d’inquiétude à avoir pour nos lecteurs comptables ou futurs comptables. Les plus pessimistes parlent de la fin du métier, mais il vaudrait mieux parler d’une transformation des compétences et d’une métamorphose de la fonction, qui se rapprocherait de plus en plus de celle d’un « data analyst ». Dans un futur proche (et plus proche que ce que l’on croit), le comptable ne saisira qu’un minimum d’écritures, et se concentra sur l’analyse des flux, de plus en plus complexes et considérables. Le conseil aux entreprises, déjà bien implanté des les cabinets, sera centrale pour se démarquer des concurrents qui n’auront pas su prendre le virage.
Une avancée écologique ?
Sur le papier, on pourrait penser à une révolution écologique, en éliminant définitivement la circulation des factures papiers. C’était sans compter les datacenters, dans lesquels sont stockées et archivées les factures électroniques. Ces machines sont très énergivores par la chaleur qu’ils dégagent, il faut donc les refroidir pour éviter que les machines brulent. Il faut aussi compter les problématiques de cybersécurité, tout aussi importante. En bref, la facture électronique n’a pas fini de faire couler de l’encre.
Gabriel Ozouf